Le MPCC publie un nouveau point de situation sur les coureurs(ses) professionnels(les) suspendu(es) à date. Ce panorama nous interpelle sur l’absence de passeport biologique au niveau Continental, niveau le plus touché par les cas de dopage.
Se voulant complémentaire des Chiffres de la Crédibilité, ce point de situation sur les coureurs(ses) professionnels(les) suspendu(es) à date dresse un large panorama de l’état de la lutte contre le dopage dans notre sport, à travers le monde et par discipline. Il illustre également les efforts et les actions entreprises par les différentes institutions garantes de la crédibilité des compétitions, qu’elles soient des fédérations nationales ou des agences nationales antidopage. Cet inventaire est ainsi partagé en plusieurs catégories : les cas par pays, par niveau de compétition sur route, par discipline, par substances détectées lors des contrôles, par date de fin de suspension et par sexe.
Après avoir dénombré 75 coureurs(ses) professionnels(les) purgeant une suspension pour une infraction aux règles antidopage à la fin août 2024, nous comptons désormais 68 athlètes interdits de toute compétition au 31 août 2025. La Colombie reste la nation la plus représentée de cet inventaire avec 12 coureurs suspendus, suivie par le Portugal (11) et l’Italie (7). Il est à noter que, pour le Portugal, cinq coureurs impliqués dans l’opération « Prova Limpa » et sanctionnés par l’Agence portugaise antidopage (Adop) ont purgé en juillet dernier leur suspension. Cependant, l’âge assez avancé pour la plupart d’entre eux ne devrait pas leur permettre de retrouver une équipe compétitive à haut niveau. D’autre part, un certain nombre de coureurs, confondus par leur passeport biologique, étendu aux équipes continentales par décision commune de la Fédération portugaise et de l’Adop, restent suspendus provisoirement et donc dans l’attente d’une sanction définitive.
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Le niveau Continental reste le plus touché
Le passeport biologique, en action depuis le 1er janvier 2008, soit quelques mois après la fondation du MPCC, a été un élément important dans le dispositif de traque de la triche mais il se heurte à une limite de son champ d’action puisqu’il est obligatoire uniquement pour les World Teams et les équipes de l’échelon Pro Series. De fait, 65% des suspendus(es) sont issus du niveau Continental masculin et féminin, soit une hausse de 14 points par rapport à septembre 2024. L’augmentation est une tendance déjà décrite dans nos précédents Chiffres de la Crédibilité, où les cas de dopage à cette échelle restent fréquents.
L’EPO en tête de liste des produits détectés
Depuis 2021, les cas de dopage en cyclisme les plus fréquents relevés par le MPCC concernent à la fois des coureurs(ses) de niveau Continental et des contrôles positifs à l’EPO, ou sa variante l’EPO Cera. Cette hormone, que l’on pourrait croire ringardisée un quart de siècle après l’affaire Festina, reste la première cause de suspension chez 43% des athlètes suspendus. Un fait illustre cette tendance : trois des six derniers coureurs professionnels sanctionnés par l’UCI ont été contrôlés positifs à l’EPO, ou à la Cera, et couraient pour des équipes de niveau Continental. L’utilisation de stéroïdes vient en deuxième position des substances détectées dans 19% des cas. Enfin, le terme « utilisation et possession de substances et/ou méthodes interdites » englobe 19% des suspensions en cours mais peut parfois correspondre à une mise en défaut du coureur ou de la coureuse par son passeport biologique, ce dernier ne regroupant officiellement que 7% des sanctions.
La durée moyenne de suspension (hors suspension à vie) reste de 4 ans et demi et correspond peu ou prou au barème de sanction pour une utilisation de méthode et/ou de substance interdite par l’Agence mondiale antidopage (AMA). Enfin, 88% des athlètes sanctionnés sont des hommes contre 12% de femmes.
Garder la lumière allumée
Ces chiffres nécessitent quelques éclaircissements :
– Le World Tour compte 6 coureurs suspendus, comme en 2024, mais 4 d’entre eux sont suspendus à vie.
– Le nombre d’athlètes dont la date de fin de suspension est située entre 2026 et 2028 a nettement augmenté par rapport à notre première publication mais du fait de notre méthodologie qui recense les sanctions prononcées, sans les suspensions provisoires. Certains coureurs ont été confondus entre 2022 et 2024 mais n’ont été sanctionnés que récemment, parfois en raison d’une procédure juridique rallongée (recours intentés, analyse de l’échantillon B, contre-expertises, etc.).
– Le cyclisme ne compte à ce jour aucun coureur sanctionné par le système de « retesting », soit une ré-analyse des échantillons conservés pendant 10 ans maximum.
Ces chiffres dressent ainsi une perspective, dans le temps et dans l’espace, du combat mené par le MPCC, l’UCI et les équipes face au dopage. S’ils pourraient être considérés comme arides, ils sont pourtant une des clés de la détection de la triche, tâche dévolue à l’International Testing Agency (ITA) qui fournit un travail difficile et nécessaire pour notre sport. Ces chiffres rappellent que chacun d’entre nous doit être « acteur de la lutte antidopage ».