Pour la première fois, depuis sa création en 2005, le World Tour n’a enregistré aucun cas de dopage l’an passé, à l’issue d’une année olympique qui a révélé moins d’affaires de dopage (tous sports confondus), mais une forte hausse des condamnations pour corruption.

Depuis 2014, nous vous proposons ce « baromètre » qui ne prend en compte que les cas révélés par les fédérations, les agences antidopage, la justice ou la presse. Nous ne retenons que les procédures liées aux athlètes de haut niveau ou professionnels. Depuis 2018, nous avons inclus les condamnations pour corruption, qui englobent aussi bien les malversations financières que les matchs truqués.

Pour l’année écoulée, on retiendra globalement que la Russie a repris la première place de notre classement par nation, ce qui n’était plus arrivé depuis six ans. Il faut préciser qu’en 2021, il n’y a pratiquement pas eu de révélations, suite à des ré-analyses ordonnées par l’AMA. Le ménage avait été fait auparavant avec un bilan spectaculaire : les Russes se sont vus retirées 29% de leurs médailles sur l’ensemble des cinq Jeux d’été précédents (Sydney, Athènes, Pékin, Londres et Rio).

Pour 2021, cette augmentation de cas positifs illustre la nécessité des dirigeants sportifs russes de purger un système dévoyé, afin de regagner les faveurs des grandes instances sportives. Leur attitude fait suite aux sanctions infligées au Comité olympique russe suspendu lors des Jeux de Pyeongchang (2018), Tokyo (2021) et Pékin (2022). De même, la suspension de la Fédération russe d’athlétisme (RusAF) a été prolongée pour une 7ème année consécutive en 2022 par World Athletics. Seuls ont été autorisés à concourir, sous bannière neutre, les sportifs russes ayant fait la démonstration de leur absence de recours au dopage.

A nouveau, 2021 aura été fortement impactée par la pandémie de Covid-19. De nombreuses épreuves sportives ont été annulées, même si les JO de Tokyo (avec un an de retard), l’Euro de foot et le Tour de France ont bien eu lieu. De son côté, L’Agence Mondiale Antidopage (AMA) dit avoir pu mener à bien son programme antidopage, ce qui n’avait pas été le cas en 2020.

Dans ce contexte, on note avec étonnement, pour la quatrième année de suite, une baisse sensible du nombre de cas révélés publiquement. Cette baisse constante au cours des quatre dernières années nous amène à recenser en 2021 deux fois moins de révélations d’affaires de dopage et de corruption qu’en 2018 !

Les baisses les plus sensibles concernent avant tout l’athlétisme (moitié moins de cas que l’an passé) et le baseball (avec 96 cas, il était le sport le plus touché en 2017. Seulement 5 cas cette année).

Dans l’éventail de toutes ses disciplines, le cyclisme (classé en 7e position) reste sur des valeurs assez constantes dans le temps (hormis un bond constaté en 2019). Mais l’absence de révélation de dopage en World Tour, l’an passé, est une première depuis sa création en 2005 ; en réalité, depuis que ce sport a décidé de s’attaquer réellement au fléau, suite à l’affaire Festina (1998).

Sur le terrain, certains acteurs et dirigeants ne s’en réjouissent pas. Des témoignages de coureurs emblématiques dénoncent à nouveau un cyclisme à deux vitesses et la Directrice de l’UCI, dans une récente interview (1), confiait que les tests antidopage ne suffisent plus à déceler les tricheurs. Selon Amina Lamiya, il faudrait envisager des méthodes d’investigation plus radicales. Une démarche que le MPCC soutient sans réserve, ce qui l’incite à relativiser la réalité flatteuse des chiffres de ce tableau.

Le cyclisme semble heureusement épargné par les problèmes de corruption et de résultats truqués. Ce qui n’est pas le cas d’autres sports comme le tennis, le cricket, voire le football, où les condamnations se multiplient. En 2022, il faudra suivre également l’apparition de scandales sexuels, de plus en plus nombreux, et qui portent une atteinte grave à la crédibilité et l’intégrité de certains sports.

(1) Ouest-France, 10 janvier 2022