Pour la deuxième publication cette année des « Chiffres de la Crédibilité », le MPCC a pris note de la quinzaine de cas supplémentaires ayant entaché le cyclisme professionnel au cours des quatre derniers mois. Ces révélations rappellent à quel point le combat contre le dopage doit rester une constante de notre sport.

Entre le 1er mai et le 31 août, nous avons recensé près de 200 cas de dopage présumés dans le monde du sport, de niveau national ou international, révélés par des agences nationales, des fédérations ou des articles de presse. L’athlétisme reste en tête de liste avec près d’un quart des cas. Mais cette réalité ne signifie pas pour autant que ce sport demeure le « parent pauvre » de la lutte antidopage. L’organisation indépendante Athletics Integrity Unit (AIU) produit un travail considérable depuis sa fondation en avril 2017 pour encourager les athlètes à respecter les règles et dissuader les tricheurs.

A l’échelle des nations, le nombre important de cas de dopage visant des athlètes sud-africains, au cours des quatre derniers mois, s’explique par une plus grande transparence de la SAIDS, l’agence sud-africaine antidopage, sur les infractions commises. Cette transparence reste un maître-mot pour la restauration de la crédibilité du sport de haut niveau.

C’est dans ce contexte que le MPCC a pris note des quatorze nouveaux cas de dopage présumés visant des cyclistes et encadrants professionnels, depuis le mois d’avril. Circonstance aggravante : quatre d’entre eux concernent des coureurs du World Tour : Alex Baudin, Robert Stannard, Miguel Angel Lopez et Michel Hessmann. C’est la première fois depuis quatre ans qu’autant de cas impliquant des coureurs de l’élite mondiale sont révélés sur une si courte période. En 2019, l’année s’était soldée par cinq cas évoluant à ce niveau (dont quatre avaient été démasqués par l’opération policière Aderlass).

Si l’on s’intéresse dans le détail aux quatre cas révélés ces derniers mois, on notera que deux d’entre eux n’appartiennent plus à la même équipe depuis le contrôle ayant déclenché leur procédure disciplinaire. Miguel Angel Lopez évolue cette saison pour une équipe de niveau Continental. La période incriminant le grimpeur colombien remonte aux semaines précédant le Tour d’Italie 2022, lors de sa dernière année de compétition au sein de la World Team Astana. Concernant Robert Stannard, le coureur de la formation Alpecin-Deceuninck (membre du MPCC), a été notifié par l’UCI d’un « usage de méthodes et/ou substances interdites » lors des saisons 2018 et 2019. L’Australien défendait à l’époque les couleurs d’une World team non-membre du MPCC : Mitchelton-Scott.

Le 31 juillet, c’est le Français Axel Baudin qui a été mis à pied à titre conservatoire par son équipe AG2R-Citroën, suite à la présence de tramadol relevée par un contrôle lors du dernier Giro. Sa formation, membre fondatrice du MPCC, a ainsi appliqué une des règles fondamentales de notre mouvement : retirer un coureur des compétitions dès la notification d’un contrôle positif. Deux semaines plus tard, l’Allemand Michel Hessmann a lui aussi été suspendu par son équipe (Jumbo-Visma), après un contrôle positif, hors-compétition réalisé le 14 juin dernier par l’agence nationale antidopage (NADA) de son pays.

Dans l’attente de l’issue des procédures entamées, il serait hâtif de tirer des conclusions sur le World Tour à partir de ces dernières révélations. Mais loin des récentes rumeurs et des soupçons, cette augmentation notable des procédures au plus haut niveau en 2023 est irréfutable (1 seul en 2022, 0 en 2021, 2 en 2020) et interpelle le MPCC. Il en va de la santé des coureurs et de la crédibilité du cyclisme professionnel. Ces révélations rappellent la justesse de la démarche de notre association, continuellement engagée en faveur de l’équité et de l’éthique dans notre sport. Elles soulignent également la responsabilité pour les coureurs, les managers, les personnels d’équipes d’être acteurs dans la lutte antidopage. A ce titre, nous saluons les seize équipes féminines qui nous ont rejoints depuis une décennie. La popularité grandissante du circuit féminin UCI est une très bonne nouvelle pour le cyclisme mais elle doit également s’accompagner de garde-fous tels que le MPCC. Enfin, nous invitons les équipes professionnelles, non-membres, et leurs coureurs, à titre individuel, à nous rejoindre.