« De nos jours, il n’y a plus de miracles, d’évolutions spectaculaires : un jeune coureur qui a du talent va devenir plus facilement qu’avant un bon coureur professionnel. »

 

Christophe Brandt, pouvez-vous dans un premier temps nous présenter votre équipe Color Code – Biowanze ?

 

La Wallonie est un petit territoire, au sein duquel le ministre des sports a favorisé la création de deux équipes, Wallonie-Bruxelles et Color Code – Biowanze, laquelle est exclusivement constituée de coureurs U23. Elle intervient dans la continuité de ce que fait la fédération avec les jeunes, jusqu’à l’entrée dans cette catégorie espoirs. Wallonie-Bruxelles, où tous les coureurs sont professionnels, représente plutôt l’étape intermédiaire menant à des équipes de premier plan comme Lotto-Belisol, où l’un de nos coureurs, Boris Vallée, a signé pour 2014. C’est tout un cheminement autour d’un projet 100% francophone. Aujourd’hui, un bon coureur wallon sait que la voie est toute tracée pour progresser.

 

Pourquoi avoir adhéré à MPCC ?

 

L’adhésion à MPCC était évidente pour nous. Aujourd’hui le cyclisme a changé. Il y a plus de discipline, l’encadrement est plus sérieux. Les budgets des équipes sont plus limités qu’auparavant et il est donc essentiel de faire la différence en investissant dans la formation et l’éducation. Le transfert de Boris Vallée chez Lotto-Belisol montre aux autres jeunes coureurs que la route est tracée grâce à cette panoplie d’aide à la formation. De nos jours, il n’y a plus de miracles, d’évolutions spectaculaires : un jeune coureur qui a du talent va devenir plus facilement qu’avant un bon coureur professionnel. On le voit dans beaucoup de pays, comme en France, où une nouvelle génération obtient de super résultats : c’est un pays qui est amené à avoir les meilleurs coureurs du monde dans quelques années et c’est grâce à la formation.

 

Qu’enseignez-vous aux jeunes coureurs ?

 

Toutes les dérives du passé sont liées à un manque d’encadrement. Au niveau amateur, des coureurs allaient chercher conseil auprès des mauvaises personnes. Nous, on prend des jeunes coureurs quand ils terminent leurs années juniors, c’est-à-dire quand le cyclisme est pour eux encore un jeu et qu’ils doivent opérer la transition, se prendre en charge et s’entraîner en conséquence. On leur offre une route bien balisée avec un encadrement bien organisé : tout le système de travail se fait avec un entraîneur, et il y a à côté de cela un service médical auquel ils doivent référer tout problème. Le médecin référent n’est pas là pour donner des conseils médicaux, n’intervient pas dans la préparation physique. A chacun sa place et son rôle. Résultat : les coureurs sont bien éduqués et ont une réponse à chacune de leurs questions.

 

 

« C’est le manque de structure qui, par le passé, a mené certains jeunes vers les dérives du dopage. »

Grâce au système pyramidal, ils ont aussi des réponses à leurs questions sur la bonne avancée de leur carrière, ont moins de doutes et ne dérapent pas.

 

C’est le manque de structure qui, par le passé, a mené certains jeunes vers les dérives du dopage. Aujourd’hui, on leur apprend à s’entraîner et à vivre leur passion. La mentalité des coureurs a changé car les règles sont claires. Chez nous, on réalise cinq prises de sang par an avec chacun des coureurs. Personne n’est tenté de tricher car on le verrait très vite. Il n’est plus possible de se perdre en chemin et les jeunes savent que s’ils sont sérieux et qu’ils travaillent bien, ils graviront les étages de la fusée. Le travail qui auparavant était uniquement abattu avec les coureurs professionnels s’est déplacé vers les jeunes. Une équipe espoir recrute dès les rangs juniors, elle n’attend pas quelques années pour identifier les talents.

 

Préférez-vous qu’un coureur formé dans votre équipe atteigne le haut-niveau au sein d’une équipe également membre de MPCC ?

 

J’aimerais surtout que toutes les équipes adhèrent à MPCC, mais aussi les organisateurs, les sponsors… Les règles de MPCC sont logiques et normales. Les demandes pour adhérer ne sont pas impossibles à honorer. Ce que propose MPCC est tout à l’avantage des équipes et il est important de voir de plus de plus de structure de division Continental rejoindre le mouvement. Cela signifie qu’elles sont un médecin référent, un entraîneur, tout un encadrement. Cela renforce aussi le lien avec le sponsor : il est important qu’il sache ce pour quoi il investit. La Fédération belge, qui est membre de MPCC, ne délivre désormais des licences continentales qu’aux structures qui sont elles aussi membres de MPCC. C’est un gage de sérieux sportif, médical, bancaire, organisationnel. C’est essentiel car la reconstruction passe par la base de la pyramide.